C’est comme ça

11 mai 2009 36 Par opio

Je savais que je recevrais ce mail un jour, mais un jour, loin, plus tard, dans très longtemps. Il est arrivé ce matin, j’ai vu le nom de sa femme, que je ne connaissais pas, j’ai lu l’objet du mail « Jean Paul » et  j’ai su, que c’était lui le fameux mail et que c’était trop tôt. 

Oui il faut profiter des gens pendant qu’il en est encore temps. A chaque fois que je lis ce poncif quelque part, je soupire. N’empêche, quand ça se concrétise, c’est brutal. Je me disais après chacun de nos déjeuners, que ce serait peut être le dernier.

Je me sens si con devant ma page blanche qui commence par « Chère Sumi… « 

Voici ce que ses collègues de Libé lui ont adressé :

« Pour Jean-Paul Rousset
Disparition . Collaborateur de «Libération» de 2005 à 2007, il est décédé lundi.

Jean-Paul Rousset nous a quittés lundi soir, à 41 ans, après deux ans de lutte contre la maladie. Plus qu’un collaborateur régulier de Libération (de 2005 à mai 2007), il était un journaliste au parcours rare et courageux.Après des études d’histoire, Jean-Paul travaille à la Fnac comme vendeur spécialisé dans la high-tech. Il a 35 ans, il est déjà marié et père de trois enfants, quand il décide de donner une chance à sa passion : le journalisme. Il obtient un congé de formation, passe le concours de l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ), l’obtient. Pendant un an, il fait l’aller-retour entre Paris et Lille chaque jour. Presque comme si de rien n’était. Il est pourtant greffé d’un rein depuis l’âge de 20 ans. A la sortie de l’école, il collabore au service Economie de Libération, puis sur le site internet Libé.fr.Il écrit aussi bien sur la reconversion d’ouvriers d’Arcelor que sur les ex-SEB qu’il va rencontrer dans l’usine de Fresnay, ou le contrôle des chômeurs. Et bien sûr, sur tout ce qui touche de près ou de loin aux nouvelles technologies. Curieux d’innovations, expert es-Macintosh, Jean-Paul est toujours partant pour un sujet sur une start-up à la mode ou les pièges de la téléphonie mobile. Il est un des premiers à raconter dans Libération la révolution du Web 2.0. Son dernier article était consacré à l’introduction en Bourse d’une petite société d’éoliennes.Tout au long de l’année 2008 il a fait des allers-retours incessants entre son domicile et l’hôpital où on le soignait pour des infections à répétition. La dernière fois qu’il est passé au journal, il était amaigri mais parlait déjà de travailler à nouveau – et pourquoi pas à l’édition de Libé? Une nouvelle complication l’en a empêché.Pudique, drôle, Jean-Paul laisse au service économie un souvenir très fort. Plein d’ironie, il aimait rire de l’actualité. Lors du récent échec du vote de la loi Hadopi contre le téléchargement, il nous avait envoyé ce mail moqueur : «Hin hin hin hin hin hin hin… arrêtez-moi, SVP !» avait-il écrit tel un enfant qui jubile de sa bonne blague. On l’entend encore.

Profondément touché, le service Eco-terre adresse à sa femme, Sumi, à sa fille, Nilu, et à ses deux garçons Camille et Naveen, toute son affection. »