Grande fan des spectacles proposés par la ville de Boulogne à son jeune public et ce depuis que mon ainée est en âge de pouvoir y assister (c’est à dire 1 an, car la programmation comporte chaque année un spectacle spécial tout petits), c’est pratiquement les yeux fermés que j’avais pris des places pour L’Histoire de Babar.
Dans mon esprit il s’agissait d’une sorte de conte musical, en tout cas c’est tel que je l’avais vendu aux filles, ainsi qu’à Mr Opio qui POUR UNE FOIS, était d’accord pour nous accompagner.
Nous voici donc dans la salle d’art lyrique du conservatoire de Boulogne, et je remarque que dans le public, l’indication d’âge a été respectée dans les très très grandes largeurs puisqu’aux 5 ans minimum conseillés, c’est plutôt du 2-5 ans qui compose le public. Bon oui moi aussi je n’ai pas respecté l’indication, puisque ma deuxième n’a que 3 ans EDMI, mais … depuis un mémorable Zenith pour Dora l’année dernière, elle a fait de sacrés progrès en catégorie « je me tiens bien au spectacle » et je la sais capable de profiter de ce conte musical… L’organisatrice vraisemblablement un peu effrayée par tous ces tout petits essaie de raisonner les parents, vous êtes surs ? vous savez c’est à partir de 5 ans…. et toutes les mamans de répondre avec aplomb, mais oui, aucun souci il adore Babar ça va être parfait !
Je suis pour ma part un peu inquiète en constatant que la scène est occupée uniquement par un piano à queue…
Je sens Mr Opio un peu fébrile lui aussi, sachant qu’il est atteint d’une calgonïte aigue quand il s’agit de musique classique, limite Oedeme de Quincke même…
Bref, le noir se fait, et le pianiste ainsi que le récitant font leur apparition.Le spectacle débute : les mémoires de Cadichon le petit âne, de la Contesse de Ségur, racontées à la première personne par le monsieur sur scène, entrecoupées de musique au piano qui illustre le récit.
Comment vous dire…
Déjà Cadichon il était pas du tout prévu au programme, c’était un peu un éléphant que tout le monde attendait, et alors en fait un éléphant en tissu, en peluche, en papier, mais une apparition quoi… Je pense que 99.9% de la salle ne s’attendait absolument pas à un récit ponctué de morceaux de piano et le jeune public étant assez franc et brut de fonderie si vous voyez ce que je veux dire… la salle se trasnforme rapidement en : IL EST OU BABAR ? Chhuuut BABBBBBBBBBAR MAMA BABAAAAAAAAAAAAR LALEOU ? Chut chut chut C’EST QUI CADICHON ? IL EST PAS DANS MON LIVRE DE BABAR ? chhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhttttttttttttttttttttttttt
Je commence à me bidonner bien comme il faut c’est juste horrible, tous ces petits déçus, les miennes heureusement sont discrètes mais se posent les mêmes questions : OU est BABAR et QUE VIENT FOUTRE CADICHON dans l’histoire ?
J’ai trouvé le 0.01% de public averti qui se trouve à côté de moi, en la personne d’une dame d’un âge certain, avec chignon et lunettes, qui est déjà excedée aux premieres réactions des enfants… là je me dis que ça va être chaud du slip…
Je zyeute du côté de Mr Opio qui passé le premier regard noir me fait comprendre qu’il va en profiter pour piquer un ptit roupillon.
Cadichon prend fin, sous les applaudissements de toute la salle, bien soulagée de voir enfin apparaitre son héros pachydermique.
Le spectacle reprend et là, forcément, ça se confirme point de Babar à l’horizon.
Le très jeune public commence à montrer des signes flagrants de desinteret TOTAL, j’ai vraiment mal pour le récitant, ça se lève ça papote, ça souffle ça tente de recentrer le débat : MAIS IL EST OU BABARRRRRRRREUH !
La dame à côté de moi est à la limite de l’apoplexie, et se retourne sans cesse en soufflant comme un éléphant vers les parents derrière nous qui tentent tant bien que mal de canaliser leur rejeton, qu’ils finiront par sortir par crainte de représailles chignonnesques je suppose.
« un marabout volant au dessus de la forêt repère les deux jeunes elephanteaux »… poursuit, imperturbable, le monsieur sur scène.
Jo reveille alors son père et lui demande : c’est quoi un marabout papa ? Mr Opio, sorti d’un demi sommeil, répond… hmm.. c’est un magicien…
Là je n’ai pas pu me retenir, et heureusement pour moi la dame à côté avait rendu les armes et avait preferé s’eclipser plutôt que de subir le carnage jusqu’au bout, j’ai donc pu exploser de rire en toute discrétion en visualisant le marabout à la station Barbes sous le métro aérien en train de distribuer ses cartes de visite « faites le revenir comme un chien la queue entre les jambes grâce à ma célèbre potion ».
A ce stade là, dans la salle règne un désordre innommable, ça fait déjà près de 50mn que nos deux messieurs tiennent bon malgré tout sur scène, quand la lumière s’éteint… car Babar… rêve… la musique se fait douce… mais est rapidement couverte par un tonnerre d’applaudissements de nos jeunes amis, intimement convaincus que leur calvaire est ENFIN FINI puisque les lumières se sont éteintes ! mais NON les gars ! c’est juste Babar qui rêve !!!!
Heureusement le rêve est bref, et les lumières se rallument pour que le récitant puisse déclamer dans un soupir de soulagement : FIN.
Juste pour savoir, vous auriez interpreté comment, vous, la présentation du spectacle ?
Conte musical À partir de 5 ans
Musique : Francis Poulenc Texte : Jean de Brunhoff Piano : Damien Nédonchelle Récitant : Jean-Louis Martin-Barbaz
« Pendant la Seconde Guerre mondiale, Francis Poulenc travaille sa propre musique au piano. L’une de ses nièces, une fillette de quatre ans, l’interrompt : Oh ce que c’est ennuyeux ce que tu joues ! Joue plutôt ça, et lui pose sur le pupitre le Babar de Jean de Bruhnoff. De cet après-midi d’improvisation est née la partition de L’Histoire de Babar. «