La piste aux shining stars

La semaine dernière, je trouve dans le cahier de liaison de Jo un petit mot informant qu’un fayot de parent d’elève gentil papa propose d’inviter tous les petits nenfants et leurs familles au CIRQUE PINDER le vendredi soir suivant.

VADE RETRO SATANAS, je HAIS le cirque traditionnel, c’est comme ça, ça se commande pas, les animaux pelés sauvages à contre emploi avec leurs costumes à perlouze me font pitié, les clowns me desespèrent encore pire que Chevalier et Laspalès, à la limite les numéros de trapèze qui finissent invariablement dans le filet arrivent à me décrocher un sourire (ça doit être les ondes négatives que j’envoie qui font tout foirer) et le pire du pire, les enveloppes à acheter pour la loterie – qu’on prend parcequ’on se dit que sinon tout ce petit monde n’arrivera pas à bouffer le soir vu les pauvres gradins clairsemés –  me serrent le coeur (pour de vrai, j’ai un coeur, j’vous jure mdame).

Bref, j’explique à Jo que non, ça ne va pas être possible, et devant sa mine déconfite je dégaine l’argument qui tue : en plus vendredi soir y a Star Academy… … …

Dépitée un peu, mais raisonnable aussi, elle n’insiste pas. Elle est bien, ma louloute.

Par acquis de conscience, voulant être totalement clean, je fais allusion à Mr Opio de la délicate attention du papa d’A. que nous allons donc balayer d’un revers de main, après avoir dit merci beaucoup, evidemment.

C’est là où je me dis qu’après 16 ans de vie commune, on ne connait toujours pas les gens.

Fatal Error. Je vois les yeux de Mr Opio s’illuminer : j’adooooooooooooooooore le cirque !!! Trop bien ! Vendredi 20h30 donc ! faut signer où pour 4 places ?

ARGH

Et nous voilà donc un vendredi soir sur la pelouse de Reuilly, pas eu le temps de passer au Mac Do on s’arrête donc à la baraque à frites, des MacCains à peine trempées dans un bain d’huile froide, accompagnées de la fameuse Knacki dans la mie de pain tiède avec le ketchup qui coule sur les pompes. Même pas un coca light pour faire passer le tout. Dur.

Les filles sont surexcitées, les gradins bruissent, apparemment y a du pipole tonaïte, mon oeil aiguisé (ouaiche affuté même, j’ai démasqué Alice Tagglionni cachée sous une chapka aux rayons luminaires du BHV en moins de 2 secondes samedi en quinze ) reconnait en effet Sophie Davant en famille…  la veinarde : ils sont en loge carré VIP à 2cm de la piste.

Tagada tsoin tsoin ça y est ça commence, avec les rois de la savane en piste.

OOohhhhh Aaaahhhhh. C’est exactement comme dans mon souvenir, aussi glauque. La différence, Mr Loyal précise pour les esprits chagrins que tous les fauves sont nés en captivité. AH. Mais ça change TOUT en effet mais bien sûr.

Boarf, pas le temps de tergiverser, une échappée du Paradis Latin pendouille du plafond. J’hallucine. Dans mon souvenir, les costumes rivalisaient certes avec les tenues des patineurs artistiques, du collant chair, des perles rebrodées de sequins, de la frange à foison, mais alors là…

on sent que les marketeux soucieux de fidéliser les papas sont passés par là. Visez un peu :

Un ptit coup de clown à deux balles, bon ça mange pas de pain, c’est pas pire que le spectacle de Dora alors j’en profite pour observer mes deux minettes hurlant de rire, ça réconforte.

On passe aux … Chippendales. Si. J’y suis allée y a fort longtemps à l’époque des enterrements de jeune fille foireux organisés par des témoins à court d’idées, et je vous assure, c’est du même accabit.

Les pectoraux imberbes sous l’imper en simili kvir et le fut en skaï maxi moulant, la chorégraphie sept et huit et pas-de-bourrée coup de bassin : c’est tout pareil sauf qu’ils s’arrêtent juste avant l’arrachage du pantalon pour aller à la place se cacher sous un rideau pourpre et laisser place à la déesse de l’illusion, qui peut alors pratiquer son numéro, en brassière latex.

La mega classe

Ils reviendront tous en scène pour le round final, haletants, regard de braise bouche semi ouverte au milieu des fumigènes : presque aussi sexy que les séducteurs de l’île de la tentation dis donc.

Je pense à ma liste de courses pour demain, mais suis tirée de ma torpeur par une odeur pestilentielle : les dromadaires sont rentrés en piste. D’un coup j’ai une pensée émue pour Sophie Davant.

Les otaries qui battent des nageoires, les lapins dans le chapeau, les pachydermes qui s’assoient sur leur tabourets,

jusqu’au lanceur de couteaux et son roulement de tambour si caractéristique, tout y passe, pour le plus grand bonheur des filles, oui, je sais bien que c’est le principal.

J’avoue, quelques numéros éveillent mon intêret, la version vélib à 24, une idée à creuser… ou les fameux trapézistes qui s’échouent, comme prévu, dans le filet, encouragés par la potiche de service et son célèbre : « Wouhouuuuu » accompagnant le mouvement.

Une question me taraude, qui couche avec qui parmi tout ça ? c’est pas très high level mais il est 23h15 et JE N’EN PEUX PLUS.

Enfin c’est la fin, on s’extirpe du chapiteau pour patauger dans la boue avant de rejoindre la voiture.

Les filles sont ravies :  « on reviendra hein ? « 

« mais bien sûr ma chérie, l’année prochaine, vous y retournerez, AVEC PAPA ! »

En mars en revanche, c’est sans vous qu’on ira à Bercy, na !

cirque

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