Biba me l’avait bien dit

ça y est je craque, c’est la panique, la vraie, celle qui va m’empecher de dormir cette nuit, et me faire sombrer à 5h40, trop près de l’heure du reveil qui sonne pour espèrer avoir une tronche normale demain matin…

Le complexe de l’imposteur, vous connaissez ? c’est moi, c’est Biba qui m’a mise à jour, l’année dernière, ou même deux ans, voire plus, je ne me rappelle plus. Cet article m’avait scotchée à l’époque, mais comme d’habitude, il ne m’a pourtant pas fait agir, et maintenant, je paie.

Avant les enfants, ma vie « professionnelle » m’allait, ni dents qui rayent le plancher, ni planquée maladive, normale, contente de me lever le matin pour aller bosser et contente de rentrer chez moi le soir après avoir bien rempli ma journée.

Depuis, et encore en fait, je ne sais même pas si c’est lié, mais les dates font foi… depuis la naissance de mon ainée, je tente de surnager en eaux troubles, entre le désir de faire comme « les copines », celles qui y arrivent, à s’éclater dans leur boulot, en culpabilisant oui quand même un peu, mais juste ce qu’il faut pour ne pas perdre pied, et à progresser d’années en années, et les autres, celles qui ont choisi de ne plus travailler, ou assument d’avoir un job alimentaire et trouvent par ailleurs des dérivatifs qui les remplissent. Moi je suis perdue entre tout ça, l’envie d’etre ambitieuse, mais quand on ne l’est pas pour de vrai, à quoi ça sert de faire semblant ? et le job alimentaire chiant mais contrebalancé par les à côtés, sauf que j’ai pas d’à côté. Rien ne me passionne, ne m’interesse, à part envier les autres bien dans leurs pompes, même si chacun à ses coups de mous, j’ai toujours l’impression qu’ailleurs c’est mieux, eternelle insatisfaite.

J’ai avorté toutes les tentatives de changer, psy, coach, re psy, pff tout ça ça sert à rien. Quand on n’a pas l »envie. Punaise je cite Johnny l’heure est grave c’est moi qui vous le dit.

Mais oui je fais rire, OK, oui, et alors ? Florence Foresti, c’est déjà pris, AGA aussi et de toutes façons, dès que j’ai une contrainte, je me bloque, je me sabre, je coule, moi si à l’aise à l’écrit, 06 au bac dans chaque matière litteraire, comment on l’explique ? bon on s’en fout c’est clair ma vieille reveille toi c’était y a 15 ans !!!

Alors voilà, depuis 2001, mon CV se construit au gré du sens du vent, aucune suite logique, pas de plan de carrière, je suis là au bon moment, 6 mois là, 18 mois ici, congé mater, 2 ans là et rho la la sacrées experiences tout ça mais oui mais RIEN qui ne m’interesse, rien, experte en rien, moyenne en tout.

Ce matin, retour de vacances et ça recommence.

On me « propose » un nouveau poste, encore pire que le précedent, ben oui mais mon placard je l’ai voulu je l’ai eu, hein, un 4/5ème quand on a décidé que c’était nul, c’est facile de coller au cliché. Alors sortie de mon placard, voilà le tiroir, qu’on me présente evidemment comme l’opportunité du siècle, et toutes dents dehors, je fais semblant de m’enthousiasmer, mais oui mais c’est formidable ce poste est pour moi, ma principale qualité ? C’est justement la RIGUEUR bien entendu (demain mon pote tu vas te rendre compte de ce que ma rigueur a donné depuis un an, vive le compte erreur pour celles qui comprendront)

Et je vais accepter, parceque j’ai pas de couilles cachées dans mon string comme Mélanie moi, et je vais continuer à me plaindre que vraiment c’est trop pinjuste, tiens, en plainte, je suis assez douée en fait, on postule où pour ce type de boulot ? Chouineuse professionnelle… ça claque sur la carte de visite.

Je me deteste de ne pas agir, de ne pas prendre ma vie en main et de la regarder filer en geignant.

Voilà t y pas que je fais ma crise de la quarantaine un chouille en avance ? mais comment tesse possible ? Je n’ai que 27 ans ? ah bon ? non ?

Alors voilà, mercredi, pendant une formation à laquelle j’assisterai en spectateur, 3.000 boules foutues en l’air, poubelle, comme toutes les précedentes, je rédigerai mon mail annonçant que j’accepte le poste, que j’accepte bien entendu de retourner à 100%, de toutes façons la caf c’est fini ce mois çi, fallait bien que j’y retourne, si je veux continuer à acheter du Bonpoint seconde main sur E bay !

Et le pire dans tout ça, c’est que ce qui me contrarie le plus, je me demande si c’est pas le fait que j’aurai même plus la possibilité de me divertir en revant sur vos blogs, « ah ça y est, ça commence à marcher pour elle, et elle, aussi, ça démarre, et elle, elle et elle, encore une qui a fait le bon choix, qui a osé se lancer, et surtout qui savait ce qu’elle voulait…  »

Comment on fait pour trouver ce pour quoi on est faite ?

*****

Voilà l’article de Biba, que j’avais recopié de mes blanches mains à l’époque… Arf… sans même prendre la peine de noter l’auteur, jusqu’au bout la loose…

« C’est bien moi cette fille formidable ?

On a du talent, du charisme, de la force, tout le monde nous le dit. Sauf que nous, on sait que non. Et que fatalement, on sera démasquée. Le « complexe de l’imposteur », ça s’appelle…

« Un jour ou l’autre, on se rendra compte que je ne sais pas jouer. Que je suis tellement mauvaise que je peux plomber un film à moi toute seule ». Qui a connu ce douloureux éclair de lucidité ? Une actrice de deuxième ou troisième zone ? Eh non. Cette phrase, c’est Renée Zellwegger (^payée 21 millions d’euros pour son dernier films) qui l’a prononcée. Parce qu’elle venait de se ramasser une mauvaise critique ? Même pas : elle est juste frappée, comme pas mal de monde, par le syndrome de l’imposteur. Celui qui peut nous prendre, là dans la vie de tous les jours. On est tranquille, on bosse, on aime notre fiancé, nos enfants, nos amis ne disent pas trop de mal de nous, bref, tout va bien. Sauf que régulièrement, sans raison objective, on part en vrille et on se fait une grosse montée de stress, persuadée que la terre entière va s’apercevoir qu’en fait on est incompétente ou c’est selon, pas drôle/mauvaise mère/mauvis coup/méchante fille…

Selon la psychologue américaine pauline Rose Clance, 77% de la population américaine connaitrait de temps à autre ce genre de syndrome. « Malgré des résultats remarquables, ceux qui en sont atteints sont convaincus que leur réussite n’est due qu’à un concours de circonstances, à des relations,jamais à leurs compétences, explique-t-elle. Ils sont persuadés qu’ils trompent leur monde, et qu’ils ne méritent pas ce succès. Ils vivent dans la crainte qu’on découvre la vérité derrière ce masque de réussite ». Car bien sûr, plus on a  réussi, plus ce complexe « parce que je ne le vaux pas » peut frapper fort. D’où la renee zellwegger attitude.

Pour compenser notre « nullité on en fait des tonnes »

 

 

En même tems, on peut aussi avoir un vie pepère et connaitre ce genre de sentiments, soupire Gabrielle, 29 ans infirmière. Moi, c’est dans les magasins que ça me prend. J’adore les très très belles chaussures, alors en général, j’économise 6 mois, et je vais me les offrir dans  des boutiques de luxe. Mais c’est un flip abominable : j’ai la conviction que la vendeuse me regarde d’un oeil méprisant, genre « qui es tu toi, pour oser t’aventurer dans ma belle boutique avenue montaigne ? « J’ai l’impression d’avoir mon modeste salaire inscrit en rouge sur mon front. Que toutes les milliardaires qui sont là me regardent en rigolant.  » Du coup, Gabrielle, pour compenser en rajoute dans la dépense (« 1000 euros de plus ou de moins, quelle importance ? « ) et se retrouve à découvert.

Au boulot, nous sommes nombreuses à fonctionner plus ou moins pareil. On nous demande l’analyse des comptes 2004, un slogan pour un dentifrice, un article sur le complexe de l’imposteur ? ça fait 5 ans qu’on est dans le métier, donc tranquille,  les doigts fermés et les yeux dans le nez. Eh bien, non. L’angoisse nous saisit et le « han, y vont s’apercevoir que je suis nulle » débarque en force. On y va gaiement sur la parano et on entend déjà, « mais on t’a aidée, les autres fois, c’est pas possible ! », voire un « dis donc, tu crois que ça va durer encore longtemps ta planque ? » Valérie maîtrise à fond le concept. Pendant trois ans, elle a travaillé comme consultante dans une boite de conseil en marketing. « Ca me prenait quand je bossais sur les recos. Je me demandais : « comment j’ai fait la dernière fois ? » alors que la fois d’avant, je m’étais dit exactement la même chose ! Mais le pompon du flip, c’était au moment de rendre mon boulot à mon boss ou, pire, faire la présentation devant les clients. Je m’attendais toujours à ce qu’il y en ait un qui me demande si je ne me foutais pas d’eux et si vraiment j’appelais ça du boulot… Ca n’est jamais arrivé. Mais j’avais toujours autant les jetons.»

Et, exactement comme Gabrielle dans sa boutique, Valérie tentait de compenser. En travaillant comme une folle…

On vit dans la peur constante de décevoir 

Voilà pourquoi le complexe de l’imposteur, même si très répandu, doit être combattu avec énergie : si on le laisse prospérer, il a une vraie capacité à nous pourrir la vie, et à nous freiner dans nos projets (accepter un job dans la boite de nos rêves ? pas question, c’estlà qu’on serait démasquée !). « Pour moi, à la base de ce complexe, on trouve surtout une très mauvaise connaissance de soi, intervient Marie Haddou, psychologue. On a  peur de passer pour nulle parce qu’on se connaît mal, parce qu’on n’a pas une idée précise de ses qualités. On se fabrique alors une personnalité qui ne correspond pas à la réalité. » Première étape donc : redescendre sur terre. Au lieu de se dire : « mais comment j’ai fait les autres fois pour y arriver  ? ! » Lister ce qui, dans nos qualités intrinsèques, nous a permis de réussir. Et si la réponse est « aucune, j’ai juste fait illusion parce que j’ai tenu un discours à une assemblée de sourds-muets », là, d’accord, on a peut être intérêt à se trouver un autre job.

Mais dans tous les autres cas (on a réussi parce qu’on connaît notre dossier / qu’on a objectivement un sens de la répartie incroyable / que notre mémé nous a transmis sa recette secrète de pâte feuilletée), bref, si on n’est pas totalement déplacée dans ce qu’on fait, reste à se débarrasser d’un deuxième ennemi : la culpabilité. « J’ai toujours l’impression de tromper les autres, raconte Cathy, scénariste. Quand je rends un synopsis ou des dialogues, j’ai le sentiment d’arnaquer ceux qui me font bosser. » Selon Pauline Rose Clance, ce type de comportement est très fréquent chez ceux qui, enfants, ont été étiquetés « intelligents » ceux auxquels on disait « un 18 en maths, c’est bien. Mais c’est normal, tu es doué. » Fatalement, ces enfants ne se sentant pas si intelligents que ça, en concluent que leurs parents se trompent, explique-t-elle. Et que donc, tous ceux qui leur font des compliments se fourvoient aussi. Et ils vivent dans la peur constante de décevoir. « En fait, la seule personne dont on redoute le jugement, c’est … nous- même. Parce que le complexe de l’imposteur, c’est aussi une forme d’honnêteté extrême : celle qui pousse à se mettre la barre très, très haut, en s’imaginant que les autres attendent de nous, chaque fois qu’on ouvre la bouche, une phrase d’anthologie, genre un « je pense, donc je suis » quotidien, entre la cantine et la réunion de budget.

Pourtant personne n’exige de nous des prouesses 

Sauf qu’à force de se convaincre qu’on peut et qu’on doit réussir le triple salto en permanence, on se sent condamné fatalement à l’échec. La solution ? « Se concentrer, non sur soi, mais sur celui qui est en face de nous, conseille Pauline Rose Clance. Se demander ce qu’au juste il attend de nous. » Et découvrir que, comme tout le monde, notre interlocuteur, humain, donc imparfait, n’attend pas forcément d’être ébahi par notre prestation. « C’est mon mec qui m’a ouvert les yeux », raconte Estelle, 32 ans, une prof de lettres hyper culpabilisée par ses (rares) lacunes. « Il m’a avoué qu’il avait du mal à suivre, quand je me lance dans un brillant exposé sur un sujet que je maîtrise à fond. Il préfère quand je donne juste une opinion, pas forcément ultra étayée mais personnelle… » Ce qui lui permet de répondre quelques chose, et donc d’échanger. Mieux que d’être écrasé par son immense supériorité, non ? C’est aussi ça, vaincre son complexe de l’imposteur : accepter de ne pas être géniale en tout, tout le temps. Savoir à quel moment on peut, et on doit, lever le pied : notre rôti de veau est passable, sans plus ? Pas de souci, on a mis toute notre énergie sur la splendeur de notre décolleté. Et la soirée sera belle, c’est ce qui compte ? Même si notre réputation de meilleure cuisinière de l’arrondissement en souffre.  D’ailleurs, personne n’a rien remarqué… « Moi, j’ai découvert que dans le conseil, il était habituel de pipeauter les clients, reprend Valérie. Qu’on n’attendait pas grand-chose d’un consultant, à part valider des idées déjà existantes. Dans un premier temps, ça m’a détendue, j’allais aux présentations plus cool. Mais ensuite, ça m’a donnée une certitude : ce boulot n’était pas fait pour moi ! » Dans son nouveau job (commerciale), Valèrie connaît, comme tout le monde, des périodes de doute. Mais plus de peur d’être « démasquée ».

Finalement, ce complexe, ça peut avoir du bon : s’il persiste, il peut nous alerter sur une situation dans laquelle, franchement on n’a rien à gagner. Et nous éviter de galerer à vouloir faire mieux ou plus quand on devrait tout simplement faire autre chose. « 

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