Une nouvelle ère

21 septembre 2012 30 Par opio

Depuis plus d’un an maintenant, j’attends la fin de la phase Pignon. Force est de constater qu’elle semble s’être inscrite dans la durée et qu’elle s’est integrée complètement à la nouvelle ère dans laquelle nous sommes entrés.

Car nous voilà dans l’ère du pragmatisme. Exit l’abstrait, welcome le premier degré, mais le vrai, le tatoué, le poilu, le pur et dur. Je souffre, c’est rien de le dire, je souffre à mort. 

Aucune approximation n’est tolerée, la plus minime des imprécisions est sanctionnée immédiatement. Et je n’arrive toujours pas à intégrer ce nouveau mode de fonctionnement. Enfin surtout le fait qu’elle ne le fait pas exprès… (car il parait qu’elle ne fait pas exprès me dit-on de source sûre).

Exemple concret, je demande à Maureen de mettre la table. Mais non, ça n’est pas possibe, de prononcer juste cette phrase, même accompagnée du mot magique. Non. Il faut détailler et décomposer chaque item. Mettre la table =  mettre 5 fourchettes. Puis mettre 5 couteaux. Puis 5 assiettes, 5 verres, etc etc etc… Si j’arrive au bout de l’énumération sans avoir sifflé d’exaspération un « LAISSE TOMBER JE VAIS LE FAIRE » et qu’enfin la table est mise…  mais avec une carafe d’eau vide et que je m’entends répliquer : mais tu ne m’as pas dit qu’il fallait la remplir ? Parfois, j’avoue, je perds mon calme.

Quand nous devons partir le matin – toujours en retard, évidemment – et que je lui demande de monter en voiture, il peut s’écouler de longues minutes avant qu’elle ne me demande pourquoi je ne démarre pas. Quand on n’est pas trop trop en retard, j’ose un « à ton avis?  » et elle met parfois autant de temps à se rendre compte qu’elle n’a pas fermé sa portière. Souvent je dois m’aggriper au volant pour refrenner un ‘MAIS TU TE FOUS DE MA GUEULE OU QUOI’ (ou pire, j’avoue) intempestif.

A chaque fois que je dois lui demander de faire la moindre chose, j’ai automatiquement droit à la question : LAQUELLE ? LEQUEL ? LESQUELLES ? (rayez la mention inutile) suivie tout aussi immédiatement d’un « OU ?  » qui peut me faire grimper aux rideaux. Ca donne ce genre d’échanges, si je lui demande par exemple de ranger sa veste en jean qui gît sur le fauteuil dans le salon (précision, elle n’a qu’une veste en jean, nous n’avons qu’un seul fauteuil, et dingue, qu’un seul salon également) : Maureen va ranger ta veste en jean s’il te plait  – où ça ? sur le fauteuil – lequel ? LE fauteuil du salon  – lequel ? MAIS TU TE FOUS DE M…GNIIIIIIIIIIIIAAAAAAAAAARGH.

C’est donc aussi à mon plus grand desespoir, la fin du second degré. Moi qui ne fonctionne quasi qu’à ça, je ne m’en remets pas. La dernière anecdote à ce propos date de cet été, alors que nous avons récuperé un soir de travaux, notre appart intégralement recouvert d’une couche de poussière de plâtre et qu’on était en pleine canicule, nous nous sommes tous mis au travail, Jo, ou même Charlie (qui a plus déplacé la poussière qu’autre chose on est d’accord m’enfin l’esprit était là)… Au bout d’un petit quart d’heure, alors que nous dégoulinions tous de sueur avec nos chiffons à la main, je m’aperçois que Maureen est tranquilou en train de bouquiner dans le fameux fauteuil de la maison. Ulcerée, je lui demande si ça ne la dérange pas trop de nous voir tous bosser autour d’elle pendant qu’elle lit son bouquin ??? Et c’est avec un grand sourire qu’elle me répond « non ça va, merci » et replonge dans son chapitre. Là j’avoue ça m’a tellement sciée que j’ai ri.

Et je m’aperçois qu’il va falloir bientôt que je protège certains articles car si elle était amenée à les lire, elle n’arriverait pas à comprendre que derrière mes jérémiades de mère excedée, évidemment que je ne l’échangerai même pas contre un nouveau baril d’Omo…

Pour mon anniversaire, elle m’a offert des « bons pour », (‘oui, on est très « bons pour » dans la famille). Je sais que je vais avoir intêret à bien en profiter parce qu’ils ne dureront pas UNE seule seconde de plus que la durée qu’ils indiquent…