Anonyme

29 mai 2009 53 Par opio
Muriel m’a demandé de répondre à la question posée par Nicolasqui est la suivante :
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 « Bon, Mesdames, Messieurs, chers compatriotes, on parle beaucoup de l’anonymat dans les blogs mais au fond de nous-mêmes est-ce qu’on ne devrait pas s’en foutre royalement dans la mesure où la plupart des gens ne savent même pas ce qu’un blog ? Ne serait-on pas un peu trop centrés sur nous-mêmes ? ».

En ce qui me concerne, ça me rassure d’avoir l’impression d’être anonyme. Bon, je sais bien que je fais l’autruche et que j’ai laissé depuis 3 ans (crotte j’ai loupé mon blog – anniversaire, le 21 mai ! ) des tas d’indices vraiment flagrants pour qui veut bien chercher 5mn, mais à partir du moment où je n’ai pas indiqué sciemment mon état civil sur ce blog, je m’estime anonyme.

Anonyme des gens qui ne me connaissent pas. Oh c’est magnifique ce que je viens d’écrire ! Je m’explique : je ne cherche pas à rester totalement anonyme de mes lecteurs, je chercherai même plutôt au contraire à dépasser la barre du virtuel dès qu’un échange s’installe, que le courant passe et que c’est possible géographiquement parlant évidemment. J’aime bien rencontrer pour de vrai les gens avec qui je discute. Même juste une fois. Ca me rassure. Systématiquement, j’ai besoin de passer au moins une fois au réel. Je ne sais pas comment je gèrerais la chose si j’avais 5.000 lecteurs par jour, c’est clair.

En même temps, je n’ai pas l’impression de me livrer beaucoup ici, mes états d’âmes et mes colères, je les déverse ailleurs, dans des oreilles ou sur des écrans vraiment intimes, qui ont droit eux, les petits veinards, au dark side d’Opio. Mes véritables bonheurs, je me les garde.

J’ai eu une seule expérience troublante, qui m’a fait prendre brutalement conscience des conséquences de se livrer sur le net. A l’époque où j’étais enceinte de Jo, j’étais très active sur auféminin.com. Je racontais, comme tout le monde ou presque, ma petite vie en détail, n’imaginant pas un seul instant pouvoir être identifiée « dans ma vraie vie ».  J’ai accouché, Mr Opio a annoncé la bonne nouvelle sur le fil de discussion du forum. Deux jours plus tard, en plein baby blues (monstrueux le baby blues, en fait le début d’une depression post partum), j’ai vu débarquer dans ma chambre de la maternité une parfaite inconnue, accompagnée de son mari, venus me féliciter et taper la discut’ comme de vieux potes. Il se trouve qu’elle même enceinte, était suivie dans le même hopital – c’est d’ailleurs en faisant une recherche sur cet hopital qu’elle était tombée sur un de mes posts, et qu’elle me lisait depuis des mois – et venait justement faire sa visite mensuelle. Ca partait d’un bon sentiment, plutôt sympa, mais alors sur le moment, je n’ai pas du tout apprécié. Mais carrément pas. Evidemment je n’ai rien osé dire et j’ai fait la conversation pendant 1 heure, alors que par ailleurs, j’avais interdit toute visite à quiconque, tellement j’étais mal.

Depuis, je fais un peu plus attention à ce que donne comme infos, et dans la mesure du possible j’essaie de me mettre à la place des personnes dont je pourrai parler, histoire de vérifier que je ne risque pas de déclencher la troisième guerre mondiale. Bon, parfois, ça foire, mais j’assume.

Mes amis quand à eux, savent pour la plupart que j’ai un blog, je ne le cache pas, mais je n’en parle pas non plus avec eux. En fait je crois bien que ma limite, c’est la sphère professionnelle. Je redoute que mes collègues me mettent à jour… c’est ridicule, vu ce que je raconte ici, d’en faire un fromage, mais non, rien que d’y penser j’en frémis d’avance.  Je n’arrive pas trop à expliquer pourquoi, mais je compartimente à mort entre les deux sphères. Il faut dire que mon domaine d’activité n’est pas franchement funky.

Régulièrement, je me fais un petit trip parano et je m’auto google-ise. J’ai bien fait car il y a encore peu, j’ai eu la désagréable surprise de voir apparaitre mon nom et prénom comme auteur de ce blog en premier résultat de ma requête. Damned, j’avais du m’inscrire il y a une eternité sur ce site communautaire, j’ai crisé, ils ont consentis à retirer mon nom de famille, mais mon prénom et l’initiale de mon nom demeurent… pas moyen d’effacer ces infos, d’ailleurs si quelqu’un sait comment faire, je suis preneuse.

Sur mon Facebook, évidemment, pas de trace de mon blog. J’efface tout ce qui pourrait y faire réference. En revanche sur mon Twitter, où je me suis inscrite sous mon pseudo, personne dans mes contacts que je pourrais cotôyer au bureau.

En fait une fois, une seule fois j’ai voulu faire la maline, je ne sais pas ce qui m’a pris, trop de carottes rapées à la cantine sans doute et paf, pendant un déjeuner, j’ai lâché à un collègue que j’avais un blog, persuadée que jamais il ne le trouverait. 2 minutes chrono après m’être rassise à ma place, il m’envoyait un mail avec mon blog en lien. Arf.

On évoque depuis rarement le sujet, et quand on le fait, voici ce que ça donne, vous comprendrez aisèment pourquoi je regrette encore de m’être dévoilée ainsi à l’époque :

De : XXX
Envoyé : mercredi 27 mai 2009 16:50
À : moi
Objet : RE: prvEt au fait ton blog il fonctionne toujours autant ? tu en as pas raz le bol d’etre tout le temps sur le meme theme trip maman ? ca te branche pas un truc plus fashion pour nana ou autre ?

Fatalement – le monde est petit – un jour ou l’autre, forcément ces deux univers finiront par se téléscoper. Et… ça risque de ne rien changer, du tout. Ou pas. Car malgré tout, plus je prends conscience que je peux être lue par des gens que je ne connais pas mais qui font partie de mon paysage de tous les jours, plus je me censure, et je trouve ça dommage, quelque part.

Alors en attendant le big bang, je continue à faire comme les petits nenfants qui jouent à cache cache et qui se cachent en mettant juste leurs mains devant leurs yeux, s’imaginant que si eux ne voient plus rien, personne ne les voit plus non plus.

Nous avions déjà commencé une discussion à ce sujet, si tu veux bien Bon Enfant, je te laisse développer !

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